Ecole privée, égalité et moyen.

Le nombre d’élèves dans les écoles privées sous contrat augmente selon une récente étude ministérielle (Le Monde). La plupart des raisons du choix des parents est connu, cela, et il faut le dire clairement, contribue à accentuer les déséquilibres sociaux, à pénaliser les établissements publics dans de nombreuses zones plus sensibles économiquement et ethniquement.

De grandes disparités existent car si en moyenne le pourcentage d’élèves dans ces collèges atteint plus de 21%, ces chiffres grimpent nettement dans certaines régions de tradition catholique ou comme c’est le cas dans des villes comme les nôtres, Roubaix et Tourcoing où s’allient difficultés économiques et immigration avec le poids ancien de la tradition chrétienne du patronat textile. Le constat est que le nombre de collégiens dans le privé est supérieur à celui des établissements publics, pourtant bien dotés en moyens, et avec des chiffres en constante progression.

Paradoxalement plus les gouvernements successifs accordèrent avec plus ou moins de générosité des dotations accrues en professeurs et en personnel, par un effet pervers que certains nommeraient effet de stigmatisation, augmentait le choix du privé par les familles créant encore plus de déséquilibres sociaux et ethniques. J’en porte témoignage.

Le débat sur ces vastes questions doit être repris et argumenté, je n’y manquerai pas : la place de l’école privée dans notre système éducatif doit être engagée sans sectarisme mais avec une fermeté et une analyse moderne. Sa place doit être examinée face au principe républicain d’égalité de traitement donc de devoir et d’obligation citoyenne.

Prenons donc deux récents exemples de décision des ministres socialistes de l’Education : la réforme des rythmes scolaires (Peillon) et la réforme du collège. (*)

Les socialistes n’osent même plus s’en glorifier tant la conception étroite, pédagogiste, donc faussement égalitariste se heurte à la réalité que le toujours « plus-de-moyens » n’a pas créé une inversion de tendance du taux de réussite scolaire et de niveau d’instruction dan s les zones où elles étaient sensées être destinées.

La réforme (Peillon) des rythmes scolaires est imposée aux communes avec les conséquences que l’on connait : poids financier sur les budgets communaux, difficultés des familles à s’organiser , introduction d’animateurs dans nos écoles. L’école privé s’est bien gardée d’emboiter le pas maintenant une semaine structurée, évitant ainsi de mettre en place en complément de journée des animateurs et autres agents sociaux à la place des instituteurs, privilégiant de fait la perception qu’ont les parents d’une école qui instruit.

De même en vertu de son « caractère propre et de son autonomie de gestion » l’école catholique sous contrat a pris quelques distances avec la réforme du collège en maintenant des enseignements amoindris (Lettres, Langues anciennes, classes bilingues; histoire, sciences et vie de la terre….) prouvant ainsi par l’absurde l’inanité de ces nouveaux dispositifs.

Il n’est dès lors pas étonnant que monsieur Fillon souhaite augmenter la possibilité d’ouvrir de nouvelles écoles privées.

Pour lutter contre cette inégalité de pratique qui se fait au détriment de l’école laïque, il est inadmissible que lorsque des réformes dans l’éducation nationale sont mises en œuvre elles ne s’appliquent pas aux établissements privés sous contrat. C’est donc le cas des deux réformes évoquées ci-dessus même si celles-ci sont plus que contestables et à remettre en cause dès que possible en cause.

Républicains n’éludons pas le débat sur ce qu’on a appelé le grand service public de l’Education qui intègre une égalité d’obligations public-privé.

(*) Mes propositions sur la réforme Peillon au CM de Roubaix 2013
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