Mardi 6 septembre — Nicolas Dupont Aignan est maintenant candidat installé après son meeting de Dimanche à Paris. Pour une fois Le Monde lui consacre un article : « un candidat aux frontières du FN » ! Ce journal que je m’obstine à lire quotidiennement pose certes la question du rapport programmatique que Debout la France et son candidat peuvent avoir avec le Fn de Philippot mais à des fins négatives et hostiles au lieu de développer l’originalité du programme de redressement de la France.
Mercredi 7 septembre — De retour dans la « Wilaya de Roubaix-Tourcoing » après un long séjour dans une région encore préservée de notre France du Nord, je remonte en voiture une avenue du nord de Roubaix par cette journée chaude et ensoleillée. Peu de passants certes, mais je compte qu’une femme sur deux environ porte un voile dit islamique voire un vêtement noir la couvrant presque entièrement. Plus loin un barbu en kamis déambule. Rien de choquant, me direz-vous, sauf que le contraste avec mon séjour est révélateur d’un malaise profond que l’affaire du Burkini a montré. J’apprends également ce jour que le seul restaurant gastronomique (sic) hallal de Roubaix doit fermer. Les gastronomes se consoleront car ils savent qu’il n’existe plus au centre ville un restaurant où vous n’êtes pas certain qu’ils ne vous servent clairement ou sans le formuler ce type de nourriture.
Jeudi 8 septembre — Les enseignants commencent l’année par une grève contre la réforme du collège. Je les comprends. La ministre nous a expliqué comment les fameux « enseignements pratiques interdisciplinaires » (EPI) allaient être la panacée du pédagogisme triomphant. Rien de bien nouveau. J’ai connu à maintes et maintes reprises ces tentatives où l’on demandait aux élèves de réaliser un projet en s’appuyant sur deux ou trois disciplines encadrées par deux ou trois professeurs volontaires, il en existe quelques uns prompt à voir le moyen de faire porter leur travail par un collègue plus convaincu, en bouleversant les emplois du temps, les rythmes d’apprentissage et mettant à contribution des parents dans un travail de recherche à la maison. L’expérience a pourtant montré que les résultats en ce qui concerne les savoirs étaient peu perceptibles et que seuls les meilleurs à la bonne volonté complaisante s’en satisfirent. Quand je dis les meilleurs ce sont ceux qui ont eu la chance de pouvoir mettre à contribution leurs parents. Vous avez dit « égalité des chances » ! En ce qui concerne cette réforme elle ne fera pas long feu mais elle aura fait perdre beaucoup de temps aux véritables enseignements disciplinaires fondamentaux.
Vendredi 9 septembre — J’achète le nouveau livre d’Eric Zemmour où l’on retrouve parait-il tous ces talents de polémiste puis que l’essentiel de l’ouvrage est composé de se chroniques à RTL autour de la « guerre de civilisation ». Je ne sais si il « atteint l’étiage consensuel qu’on attend de lui » (R. Millet) mais je me réjouis d’avance de la mise en pièce de notre président et de ses affidés avec l’aisance de style et de culture qu’on lui reconnait. J’ai dû acheter ce livre dans une grande surface d’ailleurs peu achalandée dans ce domaine sauf une étagère consacrée à la rentrée littéraire où se côtoient le pire et le meilleur un avatar de la disparition de toute librairie dans ma ville.
Lundi 12 septembre — « C’est l’Aïd el Kébir » nous informe mon pharmacien habituel qui œuvre dans le quartier de l’Entrepont à Roubaix, répondant à notre interrogation sur l’impossibilité de stationner à proximité de son officine. « C’est la fête, ils se rendent les uns chez les autres », tout cela se confirmant par l’apparition de quelques jeunes maghrébins en kamis brodé entrant et sortant de ces maisons de briques rouges, autrefois appartenant aux ouvriers textiles et désormais pour la majorité d’entre elles acquises par les familles nord africaines qui ont imposées là comme ailleurs un style de vie avec plus ou moins d’ostentation. J’en veux pour preuve que le collège à proximité voit ses effectifs diminuer des trois quarts sans que pour autant des demandes d’autorisation d’absence aient été déposées. Conformément aux textes officiels le congé pour fêtes religieuse dûment reconnues n’est pas un droit mais une possibilité soumise à autorisation. Quand je dirigeais cet établissement j’envoyais systématiquement un rappel aux parents des élèves absents qui n’avaient pas eu la conduite citoyenne d’en faire la demande préalable, demande d’ailleurs que j’aurais acceptée.
Mardi 13 septembre — Le Monde publie un dossier de Thomas Piketti sur la ségrégation scolaire dans les collèges, dossier, bien que fondé sur des études dans la ville de Paris est révélateur de la réalité de beaucoup de villes, dont celle où je vis. L’auteur ne fait que confirmer ce que nous avions constatés, nous professionnels de l’instruction publique, que c’est, parmi toutes les causes, le rôle ségrégatif de l’école privée qui est plus que jamais une donnée importante. L’école privée catholique elle-même hiérarchisée socialement, permet les conduites d’évitement de la carte scolaire » et pénalise et aggrave durablement la situation des écoles publiques condamnées à l’absence de mixité sociale et ethniquement de plus en plus homogène. En disant cela on me retournera le qualificatif de vieux « laïcard » ; j’assume.
Jeudi 14 septembre — Journée de grève et de défilés contre la loi travail. Cela passe, hélas, inaperçu. Faute de perspectives politiques immédiates, le gouvernement social-libéral-démocrate a provisoirement gagné !
Vendredi 15 septembre — La prestation de Nicolas Sarkozy à la télévision sur la grande chaine publique a montré tout son talent d’homme politique. L’agressivité de la nouvelle présentatrice franco-libanaise qui pensait plus à la réussite de son plan de carrière qu’à formuler des remarques au demeurant mal étayées, l’a servi en fin de compte. Mais je n’oublie pas que notre ancien président a une conception de la laïcité à géométrie variable. Il n’est jamais revenu sur son fameux discours de Latran.
Samedi 17 septembre — Je retrouve autour d’un excellent repas chez V. deux complices : l’un André D. qui fut « mon » attaché culturel à la mairie de Tourcoing au moment de l’essor de la politique culturelle et Pascal S. mon complice au sein du « groupe républicain et citoyen » à la mairie de Roubaix. Discussion vive autour du livre et de l’édition numérique, sur l’école aujourd’hui et « Instruction publique » et de la politique culturelle dans nos villes.
Mardi 20 septembre — Il aura peut être fallu que Sarkozy parle de nos « ancêtres les Gaulois » pour que le terme « assimilation » soit de nouveau repris et dénoncer. L’inénarrable ministre de l’Education nationale, madame Belkacem s’en est non seulement émue mais a dénoncé l’image gauloise à laquelle on nous invitait à référer. C’est en cela qu’elle ne comprend rien au désir des français de retrouver notre histoire nationale et républicaine, on dit maintenant récit national, si cher à Ernest Lavisse qu’elle ferait bien de lire non comme source scientifique obligée mais comme référence à ce que nous sommes, à notre roman commun en somme. S’assimiler c’est entrer dans cette histoire.
Mercredi 21 septembre — Encore notre célèbre binationale, madame Berkacem, qui prône la scolarité obligatoire jusqu’à 18 ans. A la libération le plan Langevin-Wallon le préconisait déjà. La bourgeoisie dominante a toujours freiné une telle démarche se souciant plus d’obtenir des travailleurs dociles le plus tôt possible qu’un peuple cultivé et savant trop dangereux à leurs yeux.
Jeudi 22 septembre — Doudeauville. Arrivé dans mon village gaulois aux cinq cents français de souche, des vestiges gallo-romain et un personnage célèbre contemporain de Philippe Auguste…
Dimanche 25 septembre — Journée d’hommage aux Harkis et leur familles que j’ai appris à mieux connaître ayant été conseiller municipal délégué aux rapatriés, le premier élu à cette fonction qui n’était pas de cette « communauté ». J’ai tenté de participer à ce combat pour la reconnaissance de leur combat, de leur souffrance, de la honteuse façon dont beaucoup furent traités. Cette œuvre de pédagogie doit se poursuivre à la lumière des travaux historiques. Je pense à eux, à nos discussions souvent pleines de contradiction, à des rapports quelquefois ambigües quant à leur place, dans une ville à forte composante algérienne, eux qui n’ont jamais été autre que français à part entière.
J’apprends que la municipalité « gaulliste » de Roubaix s’est rendue ridicule en déplaçant l’heure de la cérémonie sans en prévenir les invités. Un acte révélateur de leur manque d’intérêt pour nos concitoyens. Il est vrai qu’en ce jour le président de la république a rappelé à juste titre la responsabilité du gouvernement de l’époque dans l’abandon et le massacre des Harkis.
Mardi 27 septembre — Un sondage pour nous amuser : Juppé en tête des primaires de la Droite. Comment peut-on s’enthousiasmer pour un personnage aussi falot qu’insignifiant politiquement ? Sans parler de ces gaullistes qui se lancent dans une imitation atlantiste d’élections primaires ; quel contresens !
Mercredi 28 septembre — Reportage télévisé sur l’islamisme. Amar Lasfar ancien recteur de la mosquée de Lille-sud, grand ami des socialistes lillois, qui avait eu droit au salut appuyé de monsieur de Saintignon,(« Cher Amar Lasfar… ») lors d’une assemblée de l’UOIF au grand palais de Lille montre bien malgré lui sa face intégriste et antirépublicaine : « Musulmans prenez toute votre place, imposez vos règles… ». Le mérite de cette interview est qu’il montre l’ambigüité du personnage, il servira, je l’espère, à ouvrir les yeux de ceux qui n’auraient pas encore compris l’urgence de défendre notre façon de vivre et notre identité.
Jeudi 29 septembre — Doudeauville. On n’y croyait plus. Des équipes d’électricien retirent les lignes à moyenne tension qui barraient le ciel de la vallée de la Course à l’entrée du village. Bonheur supplémentaire de vivre dans le parc régional. D’autres villages un peu plus à l’est, dans le Haut Artois n’ont pas cette chance pourvus qu’ils sont de champ d’éoliennes qui défigurent les magnifiques ondulations du paysage alternant champs ouverts et synclinaux bocagers. J’envoie juste à temps ma procuration pour les votes au congrès de « Debout la France ». A défaut d’être Bonaparte, Dupont-Aignan » joint en un même combat urgent souveraineté et identité.